" Tout vient à point à qui sait attendre. "
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Deux jeunes garçons se jurèrent une nuit d'été sous le regard des étoiles et des dieux, de devenir de valeureux miliciens dans la cité qui les avait vus grandir. Ulrick, dit le mélancolique qui devait son surnom à son profond regard sévère et triste à la fois ; et Wirmacht le sournois, rusé comme un renard. Ainsi, le duo d'inséparables comparses s'enrôla le même jour dans la milice de Cadwallon, à la recherche de nouveaux frissons dont la jeunesse est si friande. Chacun aurait donné sa vie pour sauver son frère de sang. Mais les temps ont hélas bien changé…
En effet, Wirmacht devint au fil de leur instruction de plus en plus avide de pouvoir, et son ascension dans la milice semblait lui importer davantage que son amitié jusqu'alors sincère. Ulrick n'était cependant pas dupe, il remarqua assez vite l'intérêt malsain de Wirmacht pour les grades élevés et les honneurs. Ce seul détail n’explique pas la rupture définitive entre les jeunes hommes. En effet, dès l'académie ils rivalisaient tous deux dans le maniement des armes ou durant les cours de stratégie. Ulrick surclassait même souvent d'un cran l'infortuné Wirmacht, chose que ce dernier voyait d'un œil de moins en moins conciliant.
Les saisons se succédèrent et ce fut carrément de la jalousie teintée de convoitise qui s'installa dans le cœur Wirmacht, car Ulrick fréquentait de surcroît la fille d'un riche marchand que Wirmacht, devenu perfide, désirait ardemment en secret. Il arriva ce qui devait arriver, les deux rivaux réglèrent ce différent lors d'un duel. C'est Wirmacht qui dût s'incliner, la balafre qu'il ne peut cacher sur sa joue droite lui rappelant chaque jour cet ultime affront. Toutefois il ne digéra pas sa défaite et intrigua de plus belle à l'encontre de son ancien ami. Il semblait que leurs chemins allaient devoir inéluctablement se séparer après ce tragique événement.
La tension entre Ulrick et Wirmacht augmenta de semaine en semaine, tant et si bien que ce dernier en vint à piéger son compagnon d'arme lors d'une mission capitale pour la ville, qui se solda évidemment par un échec cuisant pour Ulrick qui perdit toute une escouade au combat. Il fût jugé coupable par le tribunal de la milice, destitué et limogé. Il choisit, non sans contrainte, l'exil. Mais Wirmacht s'arrangea surtout pour rétablir la situation à son avantage en réparant l'erreur fatale d'Ulrick, ce qui lui valut d'être récompensé du grade de capitaine. Profitant de son nouveau statut, il fût à même de séduire l'ancienne fiancée de son rival.
Bref, le mélancolique avait tout perdu avant de partir plein de rancœur et de dépit dans le but de découvrir Aarklash pendant de nombreuses années d'errance. Wirmacht, que les rêves de grandeur poussaient vers des chemins trop sombres, semblait de plus en plus intouchable. Certes, les compagnons miliciens tentèrent bien de retenir Ulrick, mais sa blessure était trop profonde, et l'injure trop ardente, il fallait qu'il parte vers d'autres horizons.
Cependant, il y a quelque mois, Ulrick est revenu à Cadwallon. De d'eau a coulé sous les ponts, et bien peu se souviennent encore de lui ou même de son visage. Petit à petit, l'ancien paria enchaîna des missions diverses et périlleuses au profit des guildes, des ligues ou même des ambassades. Certains racontent qu'il n'hésiterait pas à travailler pour le Roi des Cendres en personne, c'est dire son état d'esprit actuel. Dans la Cité-franche, le surnom du mélancolique se pose à nouveau sur bien des lèvres et il ne faudra plus longtemps avant qu'il ne croise la route de Wirmacht devenu un négociant fameux grâce à la fortune et aux connaissances de son beau-père.
Ce retour aussi inopiné qu'imprévu parviendra bien assez tôt aux oreilles attentives de Wirmacht. Et les retrouvailles des deux anciens amis promettent de ne pas être très tendres…
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Désespoir (artefact).
La vie d’errance menée ces derniers mois n'était pas facile en dehors du confort de Cadwallon. Mais cette nuit-là était encore plus dure que les autres, avec cette abominable tempête. Aveuglé par les trombes d'eau, Ulrick ne se rendit pas compte qu'il se réfugiait dans un antique temple en ruines. L'épée trainait dans un coin, à même le sol, sans fourreau. Une lame vieille et sale, mais qui avait l'air saine. Un véritable trésor pour un exilé isolé dans la lande. Ulrick s'en empara, dans l'idée de la revendre plus tard.
Ces gobelins l'avaient pris par surprise. A 8 contre 1, ils ne prenaient pas trop de risques. 2 étaient morts avant qu'Ulrick ne se retrouve désarmé, à la merci de cette petite bande. Désespéré a l'idée de mourir, Ulrick se souvint de l'épée dans son paquetage et se redressa face aux gobelins. Ulrick était bon épéiste, mais la lame semblait irradier de sa propre vie tandis qu'il terrassait ses adversaires l'un après l'autre. Le dernier, pourtant le plus chétif, fût le plus dur à tuer.
Au fil du temps, Ulrick se rendit compte de l'immense puissance de cette épée, mais aussi qu'utiliser cette lame n'était pas anodin. Il n'y a pas qu'à Cadwallon que tout se paye : les dieux ne donnent pas tant de puissance gratuitement...