" J'ai lu ton futur dans mes cartes... Et il cesse dès à présent ! "
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Les marchands avaient fait longue route et étaient assoiffés. Un peu trop peut-être... La vinasse était rapidement montée à la tête de tous, laissant un trio d'entre eux perdre toutes leurs économies contre un jeune freluquet de demi-elfe. Ils l'avaient retrouvé à la fermeture de la taverne, le jeune imprudent n'étant ni armé ni accompagné, signe s'il en était de son insouciance au sein de la cité des voleurs.
- « Sale demi-elfe, t'es agile de tes doigts, sûr que t'as triché ! Tu vas nous rendre notre or, avec les intérêts... »
- « Ah, mais ces messieurs n'en ont pas eu pour leur argent ? Laissez-moi donc vous montrer l'étendue de mes talents ! » Quelques lueurs étranges et cris étouffés plus tard, le demi-elfe sortit de la ruelle, un peu plus riche encore qu'au sortir de son bouge préféré.
- « Bon, où allons-nous continuer à plumer le pigeon, cette nuit... ? »
Aldaë est le rejeton d'une esclave elfe et d'un client d'un soir de l'auberge de la Rose d'Or ayant gagné aux cartes un paiement en nature auprès du maître de sa mère. Il naquit ainsi sous les auspices du Destin et du Hasard.
Très vite seul, le demi-elfe survécu de vols et de chapardages jusqu’à ce qu’il tente de faire les poches d’un mage-cartomancien. Ce dernier, impressionné par les talents et la débrouillardise du gamin, le prit sous son aile et orienta sa formation. Aldaë fut rien moins que fasciné par le jeu du tarot. Il développa une maîtrise sans cesse croissante, tant dans la manipulation des cartes que dans le sens du jeu. Le jeune demi-elfe y vit une chance de sortir de la fange par ses propres moyens et de renverser son destin. Il en fut d’autant plus convaincu qu’il avait lu son avenir dans ces mêmes cartes et que celles-ci lui promettaient à la fois l’élévation sociale, des rencontres importantes… et des risques mortels.
Notant la persistance de la magie lorsqu’il interrogeait le tarot pour lui-même, il demanda à être testé par un magicien. Il s’avéra que le jeune demi-elfe disposait effectivement de dons très intéressants pour les arcanes de la magie et un maître lui fut rapidement désigné.
Aldaë, avide de vivre ses propres expériences, tenta maintes fois d'échapper à la guilde qui l'avait formé, mais il ne put jamais pu fuir bien loin : les Cartomanciens ne voulaient certes pas laisser filer un élément si rentable et si prometteur.
Quinze ans plus tard, Aldaë était désormais un initié. Ce fut à la fin d’une séance auprès de son mentor en magie qu’il fit la connaissance de Corail. C’était une jeune humaine de dix-sept ans, effrontée et vive. Intrigué, il entama la conversation avec elle et tomba irrémédiablement amoureux lorsqu’il plongea son regard dans l’émeraude limpide et pétillant de ses yeux. Il fit tout son possible pour la séduire et parvint à ses fins sans trop de difficultés : son physique de demi-elfe, ses manières élégantes et son intelligence avait de quoi retenir l’attention de la jeune fille qui fréquentait surtout des voleurs. Moins de deux semaines plus tard, ils étaient amants et leurs destins liés.
Corail terminait sa formation de voleuse arcanique et elle irait bientôt sur le terrain. La guilde des Voleurs et celle des Cartomanciens entretenaient des relations plutôt amicales et leur liaison ne gêna personne. Ceci était d’autant plus vrai que Corail avait été envoyée pour séduire Aldaë et lui donner une bonne raison de cesser ses tentatives de fuite. Le plan marcha au-delà de toutes les espérances puisque les deux jeunes gens s’éprirent sincèrement l’un de l’autre, et toute idée de désertion quitta définitivement Aldaë.
Les choses allèrent bien pendant quatre ans. Corail progressait au sein de sa propre guilde et ses missions étaient souvent couronnées de succès. Aldaë était loyal aux Cartomanciens mais il prévoyait l’avenir si bien qu’il s’inquiéta de ce qu’il lisait désormais dans les cartes. Une catastrophe allait arriver. Un matin, Corail lui annonça qu’elle attendait un enfant et Aldaë fut, ce jour-là, le plus heureux des hommes et oublia les sinistres présages.
Mais ce que le Destin donne, il le reprend un jour. Deux semaines plus tard, Corail mourut lors d’une embuscade tendue par des agents des Usuriers. Quelques semaines après, des témoignages affluèrent de Corail errant aux abords du Puit du Trépas, nouvelle poupée de chair de Nurbald. Dès lors, le mage-tarot n’a eu de cesse récupérer le cadavre de sa bien-aimée et de venger cette énième profanation du Sculpteur, sans succès jusqu’à présent.
Une fois qu’Aldaë eut surmonté son chagrin, mais sans réussir à perdre la douleur en son cœur, se jura de la venger et il se remit au travail avec une ardeur inégalée. Quelques années plus tard, il devint l’un des rares adeptes de la guilde et estima qu’il était plus que temps d’éprouver ses nouveaux talents et de rendre la monnaie de leur pièce aux meurtriers de sa bien-aimée et à leurs maîtres… et à tous ceux que la guilde lui désignera comme ennemis.
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Tarot d'acier (artefact) :
Ce jeu de tarot fut forgé par un forgeron des Cartomanciens pour un maître oublié. Depuis, il passe de main en main au sein de la guilde, de mentor en apprenti cartomancien. Aldaë n’a semble-t-il pas encore trouvé d’apprenti digne de son nom.
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Arcane XXI - Monde (artefact) :
Rencontrée lors d’une soirée particulièrement étrange, l’arcane du Monde fut le trophée d’une âpre lutte : malgré son incompétence notoire, l’adversaire du mage-tarot ne cessait de gagner aux cartes, nimbé d’une puissance à la résonnance toute particulière. Focalisant tout son pouvoir afin de lutter contre cette force étrange, Aldaë parvint à remporter la mise et à faire main basse sur le trésor du poivrot : la vingt-et-unième lame du Tarot de Vanius, l’Arcane du Monde.
L’arcane XXI montre une femme se tenant agenouillée, entourée de quatre sphères Élémentaires aux coins. Son chef est éclairé d’une auréole rayonnante alors que son séant repose sur un tapis noir. Entre ses mains se tient le plan d’un labyrinthe qu’elle semble déchiffrer.