Le Héros du Scâth.
Le nom complet de Bragh signifie, dans la langue des Keltois, « Le Héros du Scâth ». Littéralement, le mot Scâth signifie ombre. Mais il désigne aussi, chez les Sessairs,un lieu situé hors du temps et de l’espace. En cet endroit, les Champions de légendes vivent et revivent immuablement les hauts faits d’armes qui ont bâti leur renommée. Tous les ans, à l’approche de la saison froide, les Sessairs célèbrent la Scâth Nasad, l’Assemblée de l’Ombre. En cette nuit sans lune, la terre des mortels communique avec le Scâth et les Shamans procèdent aux rites qui honorent les morts de l’année écoulée.
C’est au cours de cette nuit que Bragh reparut parmi les siens, leur causant une grande frayeur. Car ceux qui le virent avaient eux-mêmes confié son corps aux flammes du bûcher funéraire quelques mois auparavant. Certains y virent la volonté de Danu, d’autres parlèrent de malédiction. Mais depuis, Bragh est devenu plus taciturne que jamais et nul n’est parvenu à lui soutirer la moindre explication.
La Vouge d'Ogmios.
Une légende Sessairs prétend qu’à l’approche du Rag’Narok, Ogmios, le chef mythique des tous premiers Géants, reviendra d’entre les morts pour combattre aux côtés de l’Ard Ri. Aussi, lorsque Bragh revint du Scâth pour la première fois, certains le considérèrent comme la réincarnation de cette figure légendaire. Le chef de sa tribu était de ceux-là et il fit à Bragh un présent de grande valeur : la Vouge d’Ogmios. L’arme légendaire avec laquelle le géant aurait affronté Avagd en personne à la bataille de Kel An Tiraidh.
La lame enchantée de cette hallebarde possède la faculté de retenir les énergies vitales ou magiques de ceux qu’elle parvient à blesser. Par la suite, son porteur peut libérer ce potentiel pour porter un coup d’une puissance colossale.
Seul contre tous.
Engoncés dans leurs armures, les quatre Templiers convergeaient prudemment vers le Barbare Géant. Piégé au centre de cette nasse, Bragh n'avait d'autre solution qu'un combat inégal. La reddition ne compatit pas parmi les possibilités envisageables. Le Templier qui s'avançait par l'arrière chargea le premier, donnant le signal aux trois autres. Bragh le stoppa net d'un violent coup porté avec la hampe de sa hallebarde. Puis il fit décrire à celle-ci un large arc de cercle qui brisa l'élan de ses assaillants. Il s'écoula moins de deux secondes entre le moment où ses épées quittèrent leur fourreau et celui où les deux têtes des Templiers roulèrent au sol.
...
Confrontation 2, Incarnation.
Acte I, L'Epreuve du Sang.
Les flammes du feu de camp crépitaient dans le silence de la nuit et faisaient danser les ombres sur le visage de Bragh. Les siens dormaient déjà depuis longtemps, mais le sommeil ne voulait pas de lui. Assis à la frontière entre lumière et ténèbres, il ruminait de sombres pensées et même l'intense chaleur du foyer ne pouvait rien contre l'étau de glace qui enserrait son coeur. En revenant parmi les vivants, Bragh avait certes retrouvé un corps de chair et de sang. Mais cette enveloppe n'était que l'apparence de la vie. Au fond de lui-même, il se sentait mort. Une main fine se posa doucement sur son épaule, et le tira de ses funestes pensées.
- « Il est temps, Héros de Scâth, le passage est ouvert. » murmura Fahlia, la Prêtresse de Neraidh. Bragh l'ignora et s'absorba à nouveau dans la contemplation des flammes. Il ne réagit pas plus lorsqu'il sentit le contact froid de l'acier sur sa gorge.
- « Va et reprends ce qui t'appartient... ou ne reviens pas ! »
La lame de la prêtresse lança un éclair rougeoyant dans l'obscurité. A nouveau, la vie quitta le corps de Bragh.
Pour la seconde fois, Bragh franchit les portes de Scâth, en cette nuit de Scâth Nasad où le monde des vivants communique à celui des esprits. Une nuit, une seule, c'est le temps dont dispose Bragh pour reconquérir l'intégrité de son âme. Dans le Scâth, les Résurrections sont automatiques. Mais le temps de Bragh est compté. Pour cette Aventure, il ne dispose que de 18 tours en tout et pour tour pour vaincre son Ombre et réintégrer le monde des vivants.
Hors du temps, les héros de jadis perpétuent le souvenir de batailles depuis longtemps oubliées des mortels. Indifférents au sort des vivants, ils s'affrontent pour l'éternité. Mais la présence de ce Géant à mi-chemin entre la vie et la mort attire leur attention. Peut-être y voient-ils là une occasion d'affronter autre chose que les fantômes d'un passé poussiéreux.
Ils invitent donc Bragh à combattre à leur côtés pour leur prouver sa valeur.
Convaincus qu'ils n'ont pas affaire à un lâche, les esprits jurent à Bragh de le suivre jusqu'à la mort... et même un peu plus loin pour être précis.
Acte II, Les Gardiens du Thanaan.
Les théologiens à l'esprit étroit parlent du Scâth comme du royaume de Neraidh, la déesse Sessairs associée à la Mort. Il n'en est rien. Le Scâth n'obéit qu'à ses propres lois et Celle qui Marche Parmi les Ombres n'est que le passeur des âmes.
Le Scâth est à la fois un lieu et une conscience omnipotente. Il édicte ses règles et rend sa justice.
En refusant sa destinée et en regagnant le monde des vivants, Bragh a défié le Scâth. Il a affronté ses gardiens avec une telle volonté et une telle hargne que nulle force n'aurait pu le retenir. Mais on ne viole pas les lois du Scâth sans en payer le prix. Et Bragh a laissé derrière lui l'instrument de la malédiction qui le frappe aujourd'hui, son Vrai Nom.
Sur la terre des mortels la mémoire d'un être passe par son nom. Au coeur de Scâth, le nom et l'essence de celui qui le porte ne font qu'un.
Pour punir Bragh de son impudence, le Scâth a jeté son nom dans le Thanaan, un endroit maudit entre tous où finissent les âmes de ceux qui n'ont pas mérité leur place parmi les braves.
Pour reprendre les droits sur son âme, Bragh doit s'aventurer dans le sombre Thanaan et y revendiquer son nom. Mais l'entrée du Thanaan est bien gardée, tant pour prévenir toute intrusion que pour empêcher le Mal qui s'y trouve d'en sortir.
Acte III, Thanaan, je clame mon nom!
Le Thanaan est une prison, mais les âmes qui s'y trouvent enfermées n'y apprennent ni le remords, ni le repentir. Au contraire, la Mal y gagne en puissance, se nourrissant du ressentiment et de la haine des esprits. Des êtres malfaisants et cruels au delà de toute imagination y sont emprisonnées pour l'éternité.
Il est dit qu'un jour, les portes maudites du Thanaan s'ouvriront pour offrir Aarklash en pâture à cette engeance maudite...
Tout ce qui pénètre dans le Thanaan est voué à la corruption et le nom de Bragh n'a pas échappé à cette terrible malédiction. Plongé au coeur de cet océan de noirceur, celui-ci a pris corps dans un être constitué des sentiments les plus abjects qui aient jamais été conçus. Bragh est parvenu à pénétrer dans ce sanctuaire du Mal, mais fort heureusement pour lui et le monde dans son ensemble, les entités les plus puissantes sont enchaînées dans les limbes du Thanaan et seule une puissance presque divine pourrait parvenir à rompre leurs entraves...
Pour libérer son nom de cet anathème, le Héros de Scâth doit affronter et vaincre ce reflet corrompu de lui-même qui se dresse face à lui. Mais le temps presse désormais plus que jamais. L'aube approche et les portes entre les deux mondes se refermeront bientôt. En outre, l'influence malfaisante du Thanaan est déjà à l'oeuvre sur Bragh et ses compagnons. A chaque instant qui passe, il sent son coeur se vider de son humanité alors que d'atroces pensées caressent son âme comme des langues de Ténèbres.
Ayant arraché son nom au Thanaan, Bragh rompt la malédiction qui pesait sur lui.