L'espace d'un instant, la Valkyrie se demanda si son adversaire était réellement humain. Une telle hargne ne pouvait se rencontrer que chez un animal. Hurlant comme une possédée, la guerrière attaquait sans répit, sans même chercher à se défendre. Un coup plus rapide que les autres frappa soudain la barhanne en plein ventre, mais son armure encaissa le choc. Elle se préparait à riposter lorsqu'elle sentit une pointe effilée se glisser entre les plaques de son plastron et lui perforer l'abdomen.
....
Le guerrier keltois accompagnait les siens lorsqu’il vit, aux
abords de la forêt, une femme qui le dévisageait avec un regard
de haine. Personne d’autre ne semblait l’avoir remarquée.
Était-elle venue pour lui ?
Il se souvint alors de ses premières armes. Une Fianna lui avait
appris à se battre et, depuis, il avait parcouru cent champs de
bataille... Il était un guerrier Fureur, un vétéran qui attendait
que la mort le fauche dans la fleur de l’âge. Ses enfants étaient
grands, son épouse était toujours belle et n’aurait pas de mal à
attirer des prétendants.
Tout en continuant à marcher, il fouilla dans les affaires
disposées sur sa mule et en sortit son hachoir de guerre. Il se
dirigea alors vers l’orée en se déshabillant, le cœur plein de
liesse : par la grâce de la déesse Danu, une femme lui avait
donné la vie. Une autre femme l’avait initié à la guerre. Une
femme, encore, lui avait donné une descendance. Une femme,
enfin, allait peut-être le délivrer des faiblesses de la chair. Le
cycle touchait à sa fin.
Un de ses compagnons lui demanda ce qui se
passait, ce à quoi il répondit :
« – J’ai rendez-vous avec la déesse et je l’ai
trop fait attendre. »
(Newsletter Rackham 01/2004).