Le Chien de Guerre.
Il fut un temps où le seul nom du Dragon d’Avagddu drainait un public innombrable vers les arènes de la Cité des Voleurs. Sept années durant, il demeura invaincu, distribuant la mort sous les acclamations de la foule. Il combattit des guerriers venus de tout le continent et terrassa les créatures les plus redoutables du monde connu. Même les Elfes, arrogantes et hautaines, se pâmaient devant lui.
Aujourd’hui encore, bien qu’il ait quitté Cadwallon depuis de nombreuses années, il y est toujours considéré comme l’un des plus grands gladiateurs de tous les temps. Il remporta tant de victoires et sa renommée attirait tant de monde, qu’il amassa une véritable fortune. il finit ainsi par racheter sa liberté ainsi que celle de plusieurs de ses compagnons d’infortune. Ensemble, ils parcoururent le continent d’Aarklash, louant leurs talents de guerriers au plus offrant, sans se soucier de servir la Lumière ou les Ténèbres. Mais aujourd’hui le Dragon a repris son véritable nom et son regard se tourne de plus en plus souvent vers sa terre natale : la plaine d’Avagddu.
La légende raconte qu’en traversant la plaine d’Avagddu, Drac Mac Syrö disparut pendant trois jours et trois nuits aux abords de la forêt de Caer Mnà, le bois de la déesse. On prétend qu’il y rencontra les Matrae, les trois filles de Danu et que chacune lui fit passer une épreuve.
Siobhan, symbole de la vie et de la fécondité lui imposa la plus douce et la pire des épreuves qu’un homme puisse subir. Elle lui dit simplement « aime moi » et lui offrit la chaleur de son corps. Il est aisé de comprendre en quoi cette expérience fut douce. Mais après avoir connu son étreinte, Drac ne cesserait jamais de l’aimer, même s’il lui était désormais impossible de la revoir. Lorsqu’il s’éveilla au petit matin, Siobhan avait disparu, mais dans son sommeil, elle avait ceint sa taille d’une ceinture aux vertus magiques.
Lors de la seconde journée qu’il passa au coeur de Caer Mnà, Drac vit Fiann la déesse des arts guerriers venir à lui. Elle se moqua tout d’abord de lui, essayant de le faire entrer en fureur. Mais le Chien de Guerre garda son calme et lui rétorqua qu’il n’avait plus rien d’un jeune guerrier inexpérimenté. Fiann parut satisfaite de cette réponse, mais elle lui répondit pourtant ceci : « Puisque tu n’as plus rien à apprendre de moi, affronte moi ! »
Leur combat dura toute la journée et toute la nuit suivante, sans qu’aucun des deux ne parvienne à prendre le dessus sur l’autre. Au matin suivant, Drac parut faiblir et Fiann vit là sa victoire. Mais la faiblesse du mortel n’était que feinte et il profita de l’excès de confiance de la déesse pour la terrasser. Fiann lui demanda alors comment il était parvenu à la vaincre. Il lui répondit simplement ceci : « Tu avais l’éternité devant toi, moi pas... »
Convaincue de sa valeur, la déesse lui offrit alors son épée avant de le laisser seul.
Au soir du troisième jour, une autre femme se présenta devant Drac. Elle n’eut pas besoin de lui dire son nom, il savait qu’il se trouvait en présence de la troisième fille de Danu, Neraidh, Celle qui Marche Parmi les Ombres. Il savait également quelle épreuve elle exigeait de lui. Aussi ne fut-il pas surpris lorsqu’elle lui demanda : « Meurs pour moi. »
Cette nuit là, il suivit le vol de la corneille et marcha longtemps dans la vallée des Ombres. Ses pas le menèrent jusqu’aux portes de Thanaan et il appris à redouter le Mal qui s’y trouvait enfermé. Puis Neraidh reparut à ses côtés en lui disant : « Nous t’avons enseigner tout ce qui était en notre pouvoir, Chien de Guerre. A présent va et accomplit ce qu’aucun dieu n’a le pouvoir de faire. » Ce faisant elle passa un lourd torque de bronze autour de son cou.