" Aoh fera éclore les bourgeons de la victoire..."
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Les gardiens luttent contre le fléau à chaque instant, combat qui leur impose de rester l'essentiel du temps dans le royaume d'Aoh. Pour autant ils n'ont jamais négligé la forêt d'émeraude, où la lutte est tout aussi importante. Chacun des gardiens a donc dépêché en Aarklash un héraut, & le conseil des 4 hérauts coordonne les efforts des Oneïrons pour défendre la forêt de Quithayran contre les souillures de Scaëlin.
Eär est le héraut de Spriën, chargé d'insuffler le renouveau du printemps dans le cœur des Oneïrons & des elfes. Il porte la jarre d'abondance, symbole de sa charge & don de Spriën pour revigorer les âmes fatiguées par un trop long combat.
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Extrait des Carnets de Voyage de Kyllion le Rêveur, petit fils de Kyllion l’Ancien, Bibliothèque de l’Université Royale de Kallienne.
L’énigmatique peuple des Oneïrons que l’on voit parfois apparaître en présence de combattants Daïkinees reste un mystère pour bon nombre de mes confrères. Mes recherches sur les mythes et légendes liés à la forêt d’Émeraude m’ont néanmoins permis de relier leur apparition au terrible fléau dont souffrent les elfes de Quithayran. Vous trouverez donc ci-dessous l’exposé de mes découvertes les plus récentes concernant ce sujet.
La terrible malédiction qui touche les femmes Daïkinees depuis la trahison de Scaëlin est un fait bien connu des érudits, mais très peu d’entre eux savent qu’elle n’est que la manifestation la plus visible d’un fléau affectant encore de nos jours l’ensemble de la forêt d’Émeraude. Mes relations au sein du peuple habitant Quithayran m’ont d’ailleurs appris que ce fléau aurait pu entrainer un rapide déclin des Daïkinee s’il n’avait été 4 jeunes et valeureux elfes pour combattre le mal qui rongeait alors toute forme de vie. En effet, quelques jours après la disparition de Scaëlin, commencèrent à être rapportées des nouvelles alarmantes faisant état de femmes mortes en couche et de bébés mort-nés. De même, les bourgeons des arbres se rabougrissaient et avortaient, les plantes se desséchaient et les fayes progressivement disparaissaient. Très vite il devint clair que s’il n’était pas trouvé rapidement une solution, le déclin du peuple Daïkinee et de la forêt d’Émeraude dans son ensemble serait inéluctable !
Durant cette période tourmentée vivait à la cour du roi Silmaë un jeune guerrier nommé Meäkhyl dont le sommeil était troublé de songes parsemés de visions fantasmagoriques où il assistait impuissant au raid d’un monstre dévastant la forêt, dévorant elfes et fayes et répandant un venin noir consumant toute végétation. Une nuit, alors que le songe devenait de plus en plus prégnant, une fée ayant échappé à la fureur du monstre se présenta à lui sous le nom de Tül-Aniah et lui tendit une lance faite d’un bois qu’il ne connaissait pas. N’écoutant que son courage et sa fureur, Meäkhyl chargea la bête qui s’effondra au premier coup porté, et par-dessus le corps agonisant, il vit une clairière bordée d’arbres centenaires au milieu de laquelle s’élevait une forme massive indistincte…
A son réveil Meäkhyl savait qu’il devait aller vers l’ouest, dans les profondeurs de la forêt d’Émeraude. Sans hésitation il s’arma et partit. Son voyage dura plusieurs jours, sans qu’il n’ait à chercher son chemin. Il arriva enfin à une clairière ressemblant étrangement à celle de son rêve. Il rejoignit 3 autres elfes qui venaient d’arriver et qui échangeaient sur les étranges visions qui les avaient assaillis les dernières nuits et qui les avaient poussés vers cet endroit. C’est alors qu’elle apparut à leurs yeux, leur révélant le moyen de lutter contre le dépérissement de la forêt d’émeraude et du peuple Daïkinee. Tül-Aniah leur apprit qu’ils devraient arrêter le mal qu’avait envoyé Shengûl par le biais de la vengeance de Scaëlin, et qui sévissait dans un royaume Élémentaire rêvé par Aoh, esprit de toute vie. Ce royaume était étroitement lié à la forêt d’Émeraude, ce qui avait entrainé les répercussions qu’ils avaient pu observer.
Les 4 elfes intrépides traversèrent ainsi le point de passage entre Aarklash et le royaume d’Aoh, se retrouvant au sommet d’une montagne qui dominait une forêt luxuriante, emplie de fleurs aux senteurs variées, qui s’étendait à perte de vue. Après avoir commencé à explorer la forêt pendant ce qui leur avait paru une demi-journée, ils se rendirent compte que les fleurs avaient fanées et que des fruits juteux s’offraient à eux. Au soir les feuilles avaient jauni et tombaient au sol. Alors que la nuit commençait à envahir la forêt, un vent glacé serpentait entre les troncs décharnés amenant gel et frimas. Rebroussant chemin vers la montagne, ils s’aperçurent qu’il y régnait une douceur contrastant avec les températures rigoureuses de la forêt. Ce n’est que le lendemain qu’ils entendirent un grondement terrible faisant écho à un énorme panache de fumée noire qui s’étendait au loin. Faisant route dans sa direction, les elfes remarquèrent que le phénomène singulier de la veille se répétait et de même les jours suivants, le cycle des saisons semblant suivre le cours de la journée dans cette forêt mystérieuse. Au bout d’une semaine de trajet, il s commencèrent à croiser des vagues d’animaux sauvages en fuite et remarquèrent que le cycle des saisons semblait perturbé, les fleurs au parfum enivrant du matin et les fruits délicieux avaient quasiment disparu alors que les arbres se racornissaient. Le grondement terrible apparaissait à la levée du jour de plus en plus fort et bientôt ils entendirent une clameur en réponse. Un matin ils comprirent en débouchant sur un promontoire rocheux. En contrebas se livrait une bataille terrible entre un être titanesque ravageant les restes d’une forêt aux arbres calcinés, et plusieurs groupes de fayes dont les armes semblaient dérisoires face à la fureur de la bête. Le temps pour les 4 elfes d’arriver sur les lieux de l’affrontement, le monstre avait disparu mais un feu intense enveloppait la végétation alentours et avait piégé quelques infortunés, le reste des fayes parvenant à s’enfuir de justesse. Encerclés par les flammes, les elfes ne ressentirent étrangement aucune blessure en traversant le feu ardent. Ils remarquèrent en outre que de petites pousses vertes s’élevaient de la terre calcinée à chacun de leurs pas, la nature semblant s’éveiller sous leur passage. C’est alors que Tül-Aniah apparu à nouveau aux 4 aventuriers et leur appris que ce fléau ravageant le royaume d’Aoh n’avait aucune emprise sur eux ici mais que l’inverse était aussi vrai. En outre, la présence des elfes insufflait une vigueur nouvelle à la nature environnante, de par les liens extrêmement forts qui reliaient cette forêt à la forêt d’Émeraude. Et ces mêmes liens causaient le déclin de Quithayran en conséquence des destructions perpétrées ici.
A ce moment de mon récit, les sources que j’ai pu croiser sont beaucoup plus floues et divergent légèrement les unes des autres. Tout ce que l’on peut dire c’est que les elfes allèrent trouver la reine des fayes et proposèrent leur aide. En effet, l’influence grandissante qu’avaient les aventuriers sur la nature de ce monde leur permettait indirectement de combattre le mal envoyé par Shengûl et qui menaçait de faire périr toute forme de vie dans le royaume d’Aoh. Ensuite est-ce que les fayes leurs transmirent des armes sylvestres (cf. la lance du rêve de Meäkhyl) ou est-ce qu’ils en arrivèrent à entrer en quelque sorte en symbiose avec cette nature, jusqu’à pouvoir s’en servir comme d’une arme pour terrasser le monstre de l’aube, les sources que j’ai consultées ne permettent pas de trancher. Toujours est-il que le matin de l’affrontement, le monstre se présenta à eux dans son effrayante bestialité : ses yeux étaient cerclés de feu, sa tête surmontée de bois acérés, ses crocs suintaient d’un venin noir et ses naseaux soufflaient un blizzard glacé. Le combat dura plusieurs heures, mais le fait que le monstre ne pouvait les affecter que partiellement permit aux elfes d’entraver la bête et à Meäkhyl, montant sur son dos, de planter sa lance effilée dans le corps de leur ennemi. A la mort du monstre, son essence bestiale rayonna dans toutes les directions, transperçant les 4 guerriers, insufflant en eux une partie de son énergie vitale et les liant définitivement à la nature de ce royaume. Ainsi mourut Meäkhyl, le valeureux guerrier Daïkinee et naquit Spriën, gardien du printemps du royaume d’Aoh. De même naquirent Sumaë, Faëls et Windaë, gardiens de l’été, de l’automne et de l’hiver.
Et c’est ainsi que les quatre gardiens, ayant achevé leur fusion avec la nature, engendrèrent les Oneïrons, êtres particuliers qui défendent autant le royaume d’Aoh que la forêt d’Émeraude.
Et c’est ainsi que la malédiction de Scaëlin fut en partie contrée. En partie seulement car les 4 elfes vainquirent uniquement la manifestation du matin, c’est-à-dire celle du printemps du royaume d’Aoh, ce qui permit de faire courir de nouveau l’énergie primordiale nécessaire à insuffler la vie dans toute chose. Les répercussions au sein de Quithayran permirent de stabiliser la situation des elfes Daïkinees : ainsi les nourrissons survivaient à l’accouchement malgré le décès de leur mère et les bourgeons croissaient à nouveau jusqu’à l’éclosion. Néanmoins, le mal se répandait toujours dans le royaume d’Aoh car ses manifestations du midi (le feu dévorant), du soir (le venin noir s’infiltrant jusqu’au cœur des arbres) et de la nuit (un gel si pénétrant qu’il en faisait éclater le tronc des arbres) n’étaient pas vaincues.
De nos jours les Oneïrons sont toujours en lutte contre le fléau envoyé par Shengûl et il semblerait que leur apparition de plus en plus courante sur Aarklash soit liée à ce combat. En effet d’après mes contacts chez les elfes Daïkinee, l’origine du mal serait à trouver en Ashinân et le seul moyen d’éradiquer la malédiction serait de ramener à l’état originel la forêt des toiles.