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Confrontation 2 Incantation Nouvelle 2 bis
Caché derrière une tenture, l'Arlequin regardait l'assemblée. La salle était bondée. Ce soir, Skahas, l'Ambassadeur d'Alahan, recevait les différentes délégations présentes à Cadwallon. La réception battait son plein.
Toute la haute société de la ville était réunie dans le grand salon. Un assassin aurait pu décapiter Cadwallon en un instant.
Mais l'Arlequin n'était pas celui-là. Il était considéré comme le plus grand voleur d'Aarklash, mais aussi comme le protecteur tutélaire de la ville. Il y avait toujours eu un Arlequin, et il y en aurait toujours un. Personne, pas même le Duc Den Azhir, le seigneur de la ville, ne connaissait son identité.
Un jeune homme a l'air taciturne, adossé à une colonne, observait l'assemblée.
« Rolon, espiègle Rolon, quel mauvais coup prépares-tu encore ? »
Les yeux malicieux de l'Arlequin, derrière son masque de cuir, suivaient fixement le jeune voleur. Celui-ci ne semblait pas en être à son premier larcin.
L'Arlequin sortit un jeu de tarot de sa sacoche, choisit la carte de l'Étoile et, utilisant une gemme, appela doucement sa protection. Puis, pratiquement invisible, il quitta sa cachette pour emboîter le pas de Rolon...
Sans se douter le moins du monde qu'il était surveillé, Rolon se rendit à l'étage, pénétra discrètement dans l'une des chambres et en ressortit quelques minutes plus tard avec un sourire satisfait.
Une des servantes s'aperçut du méfait et donna l'alerte.
Les bijoux de la fille de Skahas avaient disparus. Darelh, Capitaine de la garde d'Alahan et vétéran de son peuple, rassembla ses hommes pour la traque. Le voleur devait, selon lui, porter un masque noir, un bicorne et une cape faite de pièces de tissu de différentes couleurs.
« Tu vas enfin payer, l'Arlequin » vociféra-t-il.
L'Arlequin avait un vieux compte à régler avec Darelh. Il savait qu'il ne devait pas être pris, sinon la légende du protecteur des voleurs mourrait. Il prit la carte du Bateleur, prononça quelques mots de pouvoir et bondit par la fenêtre. Il se lança ainsi de toit en toit, prenant de la vitesse à chacun de ses bonds.
Les nombreux miliciens de Skahas se lancèrent à sa poursuite. Parmi les rares civils qui suivaient les forces de l'ordre, le jeune Rolon était de loin le plus hargneux. Lui aussi avait un compte à régler avec le Protecteur de Cadwallon.
Au bout de quelques minutes, l'Arlequin, beaucoup trop rapide, avait distancé ses poursuivants. Cette évasion prévisible mit fin à la chasse.
Darelh enrageait : « Ce n'est que partie remise, l'Arlequin. Tu m'entends... que partie remise ! ».
Ne pouvant se résigner à abandonner, il dispersa ses hommes par petits groupes. Rolon voulu se joindre aux recherches.
Devant le refus de Darelh, Rolon s'engouffra seul dans la nuit, à la poursuite du voleur. Il n'y voyait rien, aucun mouvement... Soudain, il découvrit l'Arlequin qui l'observait du haut d'un toit, son jeu de cartes en main, à la manière d'un éventail.
« Alors, petit voleur, on veut me faire porter le chapeau ? ». Les mots de l'Arlequin étaient doux, pourtant Rolon savait parfaitement à quoi s'attendre.
Par bravade, il attrapa une sacoche de cuir qui pendait à sa ceinture et la leva en direction de l'Arlequin.
« Regarde l'enturbanné, c'est pas toi qu'aura les bijoux d'la donzelle !»
A peine avait-il fini sa phrase qu'un vif éclair déchira la pénombre. Quand la carte l'atteignit, Rolon hurla. Les soldats d'Alahan arrivèrent en courant.
Ils trouvèrent Rolon qui tenait le poignet de sa main encore valide. A ses pieds gisait sa main droite sectionnée et une sacoche contenant les bijoux volés. Il y avait aussi une carte de tarot maculée de sang. Elle était effilée comme une lame de rasoir. Darelh la regarda : c'était la carte de la Justice.
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